Allumer un feu
Éduquer ça n’est pas remplir un seau sot, mais allumer un feu
William Butler Yeats
Se glisser dans la peau d’un élève, d’un parent, d’un enseignant, d’un salarié du collège. Une situation vécue de son point de vue. Une narration fictive mais écrite à partir de faits et de témoignages réels. Les prénoms et le noms ont été modifiés.
En classe lundi on a beaucoup parlé des tueries de Paris, des terroristes, de ce qu’on avait vu à la télé tout le week-end. Mais aussi de ce qui nous fait peur. À midi on s’est tous retrouvés dans la cour pour la minute de silence. On l’avait déjà fait en janvier suite aux attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher. Après un discours du directeur on a fait silence. C’est impressionnant à 200 de se tenir en silence. Pour ceux qui voulaient après ça, il y avait un temps de prière. Moi j’y suis allé avec Noémie. On était nombreux : des primaires et des élèves de toutes les classes du collège. On a lu des textes, des prières et récité un Notre Père tous ensemble. Après le dernier signe de croix, le directeur a invité Malik, un élève de 6ème, à prier en tant que musulman. Il s’est avancé au milieu de tout le monde. Tous les yeux étaient fixés sur lui. Je n’aurais pas aimé être à sa place : le seul musulman ! Il a récité des prières en arabe. Il a croisé les bras, levé les mains. Il s’est mis à genoux. Il a embrassé le sol. C’était bizarre. C’était la première fois que je voyais un musulman prier en vrai. A la fin, tout le monde l’a applaudi. Je pense que tout le monde l’a trouvé courageux. Moi ce que j’ai trouvé fort c’est qu’une fois sa prière commencée, rien ne pouvait le déconcentrer. Pour finir il nous a traduit la dernière phrase de sa prière. J’ai retenu que ça disait : il n’y a que la paix qui permette d’accéder à Dieu… pour lui les terroristes ne sont pas musulmans.
La narration est fictive mais écrite à partir de faits réels, de la collecte de témoignages, d’observations de faits qui eux sont réels, vécus, observés, entendus. Les prénoms et les noms ont été modifiés.
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